BILLETS MENSUELS (Archives)
- Septembre 2020 –
Après en avoir terminé avec le diagnostic différentiel et manuel, de probables dysfonctions de mobilité articulaire et tissulaire, dans le cadre de leur participation à l’apparition d’une maladie, je me suis permis de descendre d'avantage, et ce depuis quelques années, au cœur même de la philosophie ostéopathique.
Est-ce qu’inclure dans la santé, une dimension émotionnelle en tenant compte du terrain comportemental et structurel de l’individu est compatible avec la résolution d’un dysfonctionnement tel un « mal de dos » ?
Émettons l’hypothèse que le corps est un moyen d'entrer en contact avec le praticien de santé par exemple, pour y être délicatement écouté, pour y projeter quelque part ses émotions, plus, de tenter se reconnecter à Soi aussi.
J’entends par « Émotions » ce qui me meut, ce qui me met en mouvement … ou pas … !
Nous comprenons ainsi que le mouvement n’est pas juste une résultante d’insertions musculaires, de composantes de force et de bras de levier … par contre, la traduction d’un comportement personnes (tant les enfants que les adultes) ayant vécu un traumatisme durant leur processus de développement qui inclut du biologique, de l’inné, du réflexe, de la volonté, des automatismes, du psychologique, du social, des intentions, des informations émotionnelles, ramenées à notre conscience, d’une part par ce que les anatomistes ont nommés le « système gamma » et d’autre part par « le nerf vagal ventral ».
Admettons qu’un dysfonctionnement articulaire soit comme un lapsus de mouvement, celui-ci étant un comportement, je me demande alors « qu’est – ce que cette partie de mon corps imprime plus, qu’il ne peut exprimer … non verbalement ? »
Face à des situations émotionnellement trop intenses, le système nerveux végétatif ne peut plus absorber d’avantage et donc de se décharger tel un animal.
Le système nerveux se fige alors, soit localement, tel un mal de dos, soit totalement, en se déconnectant, en se dissociant de lui-même !
Le traumatisme est mémorisé par tout le système nerveux, comprenant notre cerveau, ce qui peut déclencher différents types de symptômes.
De donner un point d’appui, comme le soutien d’un merveilleux outil qu’est la main, permet au corps, plus, à tout un système nerveux, de se reconnecter tant à lui, qu’au processus instinctif, affectif et cognitif … de se réapproprier un véritable agir, un mouvement, une émotion.
- Octobre 2020 –
Notre cerveau face au danger – L’Amygdale -
Reprenons brièvement les structures du cerveau -
Notre cerveau n’est pas une masse informe gélatineuse.
Au-delà de ses deux hémisphères remarquables, il existe dans le cerveau du mammifère que nous sommes, différentes zones spécifiques qui interagissent les unes avec les autres.
A la jonction de « l’archéo-cérébellum » appelé aussi Cerveau reptilien (cerveau qui est chargé des régulations biologiques de notre corps) et du Cerveau Limbique qui, via nos sens, va permettre au Cerveau archaïque de maintenir l’homéostasie (l’équilibre du corps), se trouve notre Tour de contrôle ou l’amygdale.
L’amygdale est chargée, en cas de danger, de mobiliser notre corps (sans que la pensée n’ait à intervenir). Pour cela elle va produire un certain nombre d’hormones, et générer des réflexes biologiques.
L’amygdale va alors demander à l’hypothalamus d’envoyer un message à l’hypophyse, laquelle mettra en jeu les glandes surrénales qui immédiatement secréteront de l’adrénaline et de la noradrénaline, ainsi que d’autres hormones que l’on appel glucocorticoïdes (notamment du cortisol).
Tout l’organisme va donc se mettre en situation « d’agir », de combat ou de fuite :
- – La tension artérielle s’élève,
- – Le rythme cardiaque s’accélère et le sang reflue des les muscles et des membres aux fins de favoriser la fuite, dans les bras pour favoriser la lutte.
- – Les processus digestifs sont momentanément interrompus,
- – Les récepteurs de la douleur sont réprimés (afin de permettre la fuite, même à travers des ronces, par exemple).
Lorsque le danger est passé, le système d’alerte de notre Centre de survie doit normalement se calmer :
- – Les niveaux d’hormones devraient revenir à la normale,
- – Le sang afflue à nouveau dans les jambes et les bras,
- – La digestion devrait reprendre son cours,
- – Les capteurs de la peau, des tendons et articulations reprennent leurs fonctions,
- – Et enfin de revenir à nos facultés intellectuelles.
- Novembre 2020 –
Notre cerveau face à la Peur -
La peur est un mécanisme de survie crucial, tout comme la capacité à inhiber celle-ci lorsque le danger est passé.
Son rôle est de nous protéger en plaçant notre corps en alerte lors de la réception d'un stimulus extérieur tel qu'un bruit ou une image, une information…
La peur est une émotion ressentie généralement en présence ou dans la perspective d'un danger ou d'une menace.
La peur est une conséquence de l'analyse du danger et elle permet au sujet, dans le meilleur des cas, soit de le fuir, soit de le combattre, plus délicatement dit, de lui faire face!
Faute d’agir, en dernière ressource, le système nerveux se fige en libérant physiologiquement des endorphines (opiacées endogènes) et se déconnecte, se dissocie de lui-même aux fins de ne pas ressentir « la douleur » qu’elle soit, physique, psychique, affective, relationnelle….
Comme pour de nombreux animaux, la « paralysie » ou le figement causé par la peur permet de "faire le mort" soit de se mettre, dit-on, tel le renard ou l’écureuil, en « thanatose » - temps nécessaire pour que le « prédateur » se désintéresse de nous et que celui-ci s'éloigne de par lui-même.
Ce phénomène de peur puis d’extinction de la peur viendrait de la capacité du cerveau à modifier la structure de l’A.D.N de ses neurones !
Cette étonnante découverte a été réalisée par l’équipe de Timothy Bredy, chercheur à l’Université du Queensland (Australie) et publiée dans la revue Nature Neuroscience.
Nature Neuroscience.
Il faut savoir que les molécules d’A.D.N (acide désoxyribonucléique) qui portent toute l’information génétique ont généralement une forme de double hélice qui tourne vers la droite(dextrogyre) et qu’on appelle A.D.N-B.
Mais il arrive occasionnellement que cette double hélice tourne vers la gauche (lévogyre), en tout ou en partie. On parle alors d’A.D.N-Z.
Les scientifiques australiens se sont demandés si la peur pouvait provoquer ce changement de structure et ils ont soumis des souris à des stress répétés, des sons forts suivis de chocs sur la patte.
De fait, ils ont constaté que l’A.D.N-Z augmentait dans le cerveau des animaux martyrisés dans une zone du cortex préfrontal, impliquée entre autre dans la réflexion et le jugement d’une situation.
Selon les auteurs de l’étude, cette hausse soudaine de neurones ayant un A.D.N « retourné » permet de surmonter la frayeur et de rétablir l’homéostasie (retour à la normale) une fois le stress passé.
Ce n’est donc pas seulement l’épigénome (l’activation ou l’inhibition des gènes) qui est influencé par l’émotion mais bien le génome lui-même, du moins son sens de rotation.
Quel est l’avantage maintenant pour les neurones d’avoir soudain un A.D.N de forme Z ? “Il sert vraisemblablement à marquer quels gènes ont été activés pendant l’expérience de la peur, notamment dans la mémoire,…”(sic) et donc et pourquoi pas celle de l’histoire de nos ancètres, engrammée dans notre hérédité, dans notre A.D.N!
Cette injonction d’un président clamant … “Nous sommes en guerre contre un ennemi invisible! ”(sic) A-t-elle réactivé chez certain d’entre nous un vieux programme? L’adversaire n’est pas rentré dans le territoire, mais il rode bien autour!
Quelques mois plus tard, la brutalité d’un acte barbare sordide et inacceptable de l’actualité l’a contraint cette fois à accélérer…. « La peur doit changer de camp !» (sic)
Quel serait aujourd’hui notre bénéfice de s’appuyer chacun d’entre nous, avec notre propre histoire, sur cette peur, celle(s) qui nous tenaille(nt) depuis si longtemps, aux fins de non pas la “faire changer de camp”, par contre, de la “retourner” à nouveau en nous et en conscience en “A.D.N-B”, à l’aide, par exemple, de notre “Hermès” personnel et son caducé, inventeur des poids et des mesures, gardien des routes et des carrefours, celui du discernement et de l’introspection ?
- Décembre 2020 –
Qu’exprime donc Notre visage ? –
* Que s’est-il passé, ce jour- là, pour le Dr Samer Cheaib, obstétricien libanais officiant à Dubaï ?
* Que s’est-il passé, ce jour- là, pour ce tout petit bébé à peine sorti d’un univers tant sécure que protecteur ? * Que ressentons-nous, chacun, en contemplant cet instantané ?
* Que ce serait-il passé en cet instant, si cet homme – au-delà de ses qualités – aurait tout simplement accueilli ce petit garçon de son incroyable sourire ?
Un dictionnaire définit « L'expression faciale » comme un aspect important du comportement et de la communication non verbale. Le comportement d'un être vivant est la partie de son activité qui se manifeste à un observateur.
Si le comportement des « animaux-humains » et « animaux non-humains », peut être décrit comme « l'ensemble des actions et réactions (mouvements, modifications physiologiques, expression verbale) d'un individu dans une situation donnée » (sic), Henri Laborit, Biologiste, nous précisera que « le mouvement est bien la traduction d’un comportement qui inclut : le biologique et donc l’homéostasie, l’inné, l’émotionnel, le psychologique, le social… » Opus Cit. L’inhibition de l’action – Masson -
Bien que des êtres vivants, sans cerveau, soient parfaitement adaptés à l’environnement - telles les bactéries - les comportements des « animaux & humains » sont contrôlés par leur système endocrinien et leur système nerveux.
La complexité du comportement d'un « animal & humain » est en étroite relation avec la complexité de son système nerveux. Plus le cerveau est complexe - dont celui de l’humain - plus les comportements peuvent devenir élaborés et ainsi être aux mieux « adaptés » à leur environnement ...
L'origine, la fonction et le développement des comportements dépendent à la fois des interactions avec l'environnement et de l'héritage phylogénétique de l'espèce. Les principaux comportements fondamentaux sont les comportements alimentaire, sexuel, maternel, social, d'agression, de défense ou fuite et d'inhibition de l'action clarifiée par à Henri Laborit lorsque la lutte ou la fuite n’est plus possible.(sic)
La communication non verbale (ou langage du corps) désigne tout échange n'ayant pas recours à la parole. Elle ne repose pas sur les mots, mais sur les gestes (actions et réactions), les attitudes, les expressions faciales, le toucher, les odeurs, la tenue vestimentaire, la posture, ainsi que d'autres signaux, conscients ou inconscients.
La communication non verbale s'intéresse aussi à l'environnement, c'est-à-dire au lieu dans lequel les interactions se déroulent.
Le corps fait passer un message aussi efficace que les mots que l'on prononce. De plus, les interlocuteurs réagissent inconsciemment aux messages non verbaux mutuels. Ils ne se rendent pas compte qu'ils communiquent de nombreuses informations à leur insu. Un désaccord entre deux interlocuteurs peut survenir alors que le message verbal (les mots) sont pourtant positifs. La communication non verbale ajoute une dimension supplémentaire au message, pouvant parfois être en contradiction avec celui-ci. De plus, la part de non-verbale que l'on peut distinguer chez notre interlocuteur peut nous informer sur lui, son humeur, son envie, sa santé, etc.
La langue des signes, utilisée par les sourds et les malentendants, n'est pas une transcription du langage parlé ; c'est donc un mode de communication véritable, ce n'est pas un code, ni un mode de communication non verbal.
Paul Ekman et Carroll Izard ont défendu l'idée d'un nombre limité d'émotions de base auxquelles sont associées des expressions faciales automatiques, universelles et innées.
L'expression faciale joue aussi un rôle important dans la langue des signes. Elle est, à elle seule, un moyen d'expression.
Paul Ekman a conçu une liste des émotions de base à partir de recherches trans culturelle sur une tribu de Papouasie. Il a observé le fait que des personnes isolées du monde ayant une culture « d'âge de la pierre » pouvaient identifier les expressions de l'émotion de personnes sur des photographies dont les cultures leurs étaient inconnues. Ils pouvaient ainsi attribuer les expressions du visage à des descriptions de situations. Sur cet indice, il a conclu que certaines émotions de base sont soit biologiques, soit universelles à tous les hommes. Opus.Cit Ekman, P. & Friesen, W. V (1969). The repertoire of nonverbal behavior: Categories, origins, usage, and coding. Semiotica, 1, 49–98.
Ainsi les premières émotions de base définies et admises depuis 1972 sont, la tristesse, la joie, la colère, la peur, le dégoût et la surprise.
A titre d’exemples, les séries - « Lie to me » ou « the Mentalist » - sont inspirée des travaux scientifiques du Dr Paul Ekman qui peuvent détecter sur le visage, le corps et la voix des indices qui permettent de différencier la vérité du mensonge, dans le cadre d’enquêtes criminelles par exemple.
Hypothèse de la rétroaction faciale
L'hypothèse de la rétroaction faciale de Susan T. Fiske et Shelley E. Taylor, (Opus Cit. Cognition sociale. Des neurones à la culture, Éditions Mardaga, 2011 p. 367) - sous-tend que les mouvements du visage peuvent moduler les émotions et même les provoquer.
Selon Daniel N. McIntosh, (Opus.cit « Facial Feedback Evidence, Implications and Directions », Motivation and Emotion, vol. 20, no 2, juin 1996, p. 121-147) l’éducation et la culture restreignent la gamme des émotions adoptées par les gens et donc la gamme de leurs émotions.
Outre la culture et l’éducation, notre environnement « politico-médical » nous demande de porter un masque nous protégeant certes d’un « ennemi invisible » par contre et paradoxalement de nous couper progressivement du lien social et de la gamme de nos émotions, garant de notre immunité !
Janvier 2021
* Louis XII avait pris le porc-épic comme emblème, avec la devise « cominus et eminus », du latin: "de près et de loin".
*Vesci un porc espi, c'est une biestelete qui lance se soie quant ele est corecie", en vieux français, veut dire : "voici un porc-épic, c'est une petite bête qui lance ses poils quand elle est courroucée". Opus cit Wilars de Honecourt, XIIIèmeS
Le dilemme du hérisson ou plus rarement dilemme du porc-épic est une analogie sur l’intimité humaine.
Il décrit une situation dans laquelle un groupe de hérissons cherche à se rapprocher afin de partager leur chaleur par temps froid. Cependant, ils doivent rester éloignés les uns des autres car ils se blesseraient mutuellement avec leurs épines. Bien qu'ils partagent tous l'intention de se rapprocher, cela ne peut se produire, pour des raisons qu'ils ne peuvent éviter.
Arthur Schopenhauer et Sigmund Freud ont bien tenté d’exploiter cette analogie pour décrire leurs réflexions sur l'état psycho-affectif d'un individu dans sa relation à autrui. Le dilemme du hérisson suggère que, malgré la bonne volonté, l'intimité ne peut exister sans préjudices mutuels importants et en résulte souvent un comportement méfiant et de faibles relations.
Avec le dilemme du hérisson, il est recommandé de faire preuve de modération dans ses rapports à autrui, à la fois dans son propre intérêt, ainsi que par considération pour l'autre.
Le dilemme du hérisson enfin, est utilisé pour justifier, ou expliquer, l'introversion et l'isolationnisme.
« Par une froide journée d'hiver un troupeau de porcs-épics s'était mis en groupe serré pour se garantir mutuellement contre la gelée par leur propre chaleur. Mais tout aussitôt ils ressentirent les atteintes de leurs piquants, ce qui les fit s’écarter les uns des autres. Quand le besoin de se réchauffer les eut rapprochés de nouveau, le même inconvénient se renouvela, de sorte qu'ils étaient ballottés de çà et de là entre les deux maux jusqu'à ce qu'ils eussent fini par trouver une distance moyenne qui leur rendît la situation supportable. Ainsi, le besoin de société, né du vide et de la monotonie de leur vie intérieure, pousse les hommes les uns vers les autres ; mais leurs nombreuses manières d'être antipathiques et leurs insupportables défauts les dispersent de nouveau.
La distance moyenne qu'ils finissent par découvrir et à laquelle la vie en commun devient possible, c'est la politesse et les belles manières. »
En Angleterre on crie à celui qui ne se tient pas à cette distance : « Keep your distance please » !
« Par ce moyen le besoin de se réchauffer n'est, à la vérité, satisfait qu'à moitié, mais, en revanche, on ne ressent pas la blessure des piquants. Cependant celui qui possède assez de chaleur intérieure propre préfère rester en dehors de la société pour ne pas éprouver de désagréments, ni en causer. » (Opus Cit Parerga et Paralipomena - Arthur Schopenhauer)
Le concept a attiré l’attention de psychologues dont Jon Maner et ses collègues Nathan DeWall, Roy Baumeister sans oublier Mark Schaller. Ils se sont référés au « problème du hérisson » de Schopenhauer lorsqu'ils ont étudié les résultats d'expériences montrant comment les gens réagissent à l'ostracisme et autres formes d'exclusion. Les résultats ont montré que pour les personnes chroniquement anxieuses, l'expérience du rejet les conduit à avoir un comportement antisocial; En revanche, pour les personnes plus optimistes, la même expérience les conduit à multiplier leur effort à se rapprocher des autres.
Dans le film « L'Affaire Thomas Crown » de 1968, le protagoniste, Thomas (Steve Mc Queen), un millionnaire divorcé, estime que sa vie d'homme riche ne lui procure plus aucune satisfaction et compare sa relation avec une femme à un « accouplement entre hérissons » lors d'une séance chez sa psychanalyste.
Afin de ressentir à nouveau le frisson de l'aventure, il prépare tel un hérisson, minutieusement, avec cinq complices, qui ne se connaissent pas et qui ne se rencontreront qu'une fois, un fabuleux braquage qui laissera la police perplexe.
Aujourd’hui, à défaut d’épines, nous pouvons utiliser nos coudes, si pas pour nous saluer, pour trouver cette juste distance, histoire peut-être d'avoir « les coudées franches » soit, cette juste distance pour nous réapproprier « un mouvement », « une émotion », un « agir » voire et pourquoi pas « notre élégance de hérisson » ! (op.cit Muriel Barbery)!
Des piquants qui empêchent certes les autres d'avoir de l'amitié ou de la compassion pour nous, par contre, à l'intérieur de nous, une fois notre système nerveux « sécurisé », d’accéder à cette part tellement raffinée et si touchante de nous-même, ....ce .... « c’est Moi ! ».
« Qui d'entre vous peut, par ses inquiétudes, ajouter une seule coudée à la longueur de sa vie ? » (opus cit Matthieu - ta Biblia )
- Février 2021 –
« Comment espérer qu'un jour l'homme que nous portons tous en nous, puisse se dégager de l'animal que nous
portons également, si jamais on ne lui dit pas comment fonctionne cette admirable mécanique que représente son
système nerveux ?
Comment espérer voir disparaître l'agressivité destructrice, la haine, la violence et la guerre? »
(Opus Cit.Henri Laborit (1914-1995), L'agressivité détournée).
- Le dilemme de la souris -
Elle est la fondatrice du « Inner Mammal Institute », qui s'intéresse aux hormones du cerveau des mammifères, lesquelles contrôlent notre humeur et nos motivations, parce qu’elles sont accompagnées de sensations et d’émotions qui se veulent agréables.
« Vos sentiments sont uniques, mais les molécules qui les véhiculent sont les mêmes chez tout le monde. Votre expérience de vie est unique. Cependant, il existe un point commun à toutes les expériences de vie : chaque cerveau a pour but sa propre survie ». Opus Cit Loretta Breuning
Au nombre de quatre, avec la Dopamine, la Sérotonine et l’Endorphine, entamons dans cet « édito de février 2021» notre enquête par :L’Ocytocine, autrement dite « hormone de l’amour, de la confiance, du lien conjugal et social » qui se comporte dans le cerveau comme un neuropeptide.
Elle pourrait en effet, inhiber, via un système dit « Gabaergique », l’activité de l’amygdale limbique qui, souvenons-nous, telle une tour de contrôle, est impliquée dans la détection de la peur et du danger. (sic édito octobre 2020)
Parallèlement, elle favorise le comportement protecteur de la mère envers ses petits, via un système appelé cette fois, « Dopaminergique ».
Retenons que l’ocytocine, chez l’humain, a un effet sur :
la confiance, l’empathie, la générosité, la sexualité, le lien conjugal et social, sans oublier, la réactivité aux stress.
Si nous la considérons comme une « Hormone » à la fois « intra-cérébrale » et « périphérique ».
Il nous faut alors distinguer :
* l’ocytocine libérée dans la circulation à partir de la « post-hypophyse » où elle agit comme une hormone, notamment sur le sein, lors de l’allaitement et sur l’utérus et ses contractions, lors de l’accouchement,
* l’ocytocine intra - cérébrale, agissant comme un neuro-médiateur et qui joue un rôle dans les émotions et les comportements.
Nous trouverons des récepteurs pour l’ocytocine distribués dans l’ensemble du cerveau et en particulier dans le système limbique (cortex cingulaire) et l’amygdale.(sic)
Si « l'hormone de l'amour » est plus souvent décrite comme une « hormone sociale », impliquée dans des comportements sociaux tels que, le contact visuel ou le sentiment de proximité de notre hérisson (sic), une toute récente recherche - mise en place par l’équipe de professeur Alon Chen, PhD, du département de neurobiologie du Weizmann Institute of Science (Israël) - démontre sur des souris, comment l'hormone ocytocine peut amplifier la convivialité mais, également, parfois, l’agressivité.
Cette étude intéressante ne fait en fait que confirmer tous les travaux de ce grand Monsieur qu’était Henri Laborit (1914 - 1995) médecin, neurobiologiste, éthologue et eutonologue.
Ainsi, pour exemple, durant le confinement, de nombreux couples ont été contraints de passer des jours et des semaines en compagnie l'un de l'autre. Chez certains d’entre eux, cette proximité a resserré les liens, d'autres au contraire, ont décidé de se séparer ou pire encore. L'ocytocine, ce peptide produit dans le cerveau, pourrait jouer un rôle clé dans ces deux comportements opposés.
« Ce neuro-modulateur pourrait « rapprocher les cœur comme renforcer les rancœurs selon l’environnement».
Cette conclusion est la conclusion de cette expérience
originale au cours de laquelle des souris vivant dans des conditions semi-naturelles - versus confinement - ont subi
une manipulation extrêmement précise de leurs cellules cérébrales productrices d'ocytocine.(Opus Cit Neuron June 15, 2020 DOI: 10.1016/j. neuron.2020.05.028 Wireless Optogenetic Stimulation of Oxytocin Neurons in a Semi-natural Setup
Dynamically Elevates Both Pro-social and Agonistic Behaviors(Visuels Weizmann Institute of Science
- Dans l'environnement semi-naturel, les souris manifestent d’abord un intérêt accru l'une pour l'autre, cependant cet intérêt est rapidement suivi d'une augmentation des comportements agressifs;
- En revanche, dans des conditions de laboratoire classiques, l'augmentation de la production d'ocytocine chez les souris induit plutôt une réduction de l’agressivité;En synthèse, une situation sociale différente conduit à un effet différent de l'ocytocine.
Une pulsion pousse les êtres vivants à maintenir : leur équilibre biologique, leur structure vivante, à se maintenir en vie.
Cette pulsion va s’exprimer par :
1) Un comportement de consommation. Il assouvit un besoin fondamental : - boire, - manger, -copuler.
2) Un Comportement de gratification. Si l’expérience d’une action aboutit au plaisir, on essaie de la renouveler 3) Un comportement qui répond à la punition, une mise en échec, un message d’erreur - on peut soit l’éviter par un comportement de fuite (flight) - on peut soit l’affronter et lutter pour détruire le sujet de l’agression (Fight) 4) Un comportement d’inhibition, on attend en tension ! Une tension qui débouche sur l’angoisse, soit de l’impossibilité de dominer la situation (freeze)
Cette inhibition qui, s’accompagne, chez l’homme, de ce que l’on appelle l’angoisse, s’accompagne également dans son organisme de perturbations biologiques extrêmement profondes. Si bien que, si un microbe passe dans les environs - alors que normalement, il aurait pu les faire disparaître - là, ne le pouvant pas, il fera une infection. S’il a une cellule cancéreuse qu’il aurait détruite, il va faire une évolution cancéreuse, et peut-être parfois orienter son agressivité contre lui-même d’une façon encore plus efficace : il peut se suicider. ( on parle aujourd'hui de dommage collatéral)
Retrouvons à nouveau notre souris - vivant dans ces conditions semi-naturelles - versus confinement – souris qui ne peut pas fuir !
* Elle va effectivement recevoir toutes les punitions, restrictions, et autres messages d’erreurs… * Plus,…elle sera en face d’une autre souris qui lui servira d’adversaire. * Elle va lutter ! Cette lutte est absolument inefficace * Elle ne lui permet pas d’éviter la punition. * Par contre : Elle agit !
« Un système nerveux ça ne sert qu’à agir » (sic)
* Cette souris ne fera aucun accident pathologique !
« Pour faire un stress, il faut avoir une mémoire… ce dont on se souvient, c’est de l’inefficacité de l’action » (Opus.Cit « L’inhibition de l’Action » – Ed Masson)
John Steinbeck en 1937, l’avait bien compris, dans une tragédie en six actes, « Des Souris et des Hommes », avec un récit d’une grande simplicité, récit qui trace sobrement le chemin de l’inexorable fatalité humaine, le drame final n’étant que le point d’orgue d’un ensemble de signes conduisant les deux personnages principaux vers le drame ainsi annoncé.
« La recherche de la dominance dans un espace qu’on peut appeler le territoire est la base fondamentale de tous les comportements humains, et ceci, en pleine inconscience des motivations. » (sic)
Grâce au langage, les hommes ont pu transmettre de générations en générations toute l’expérience qui s’est faite au cours des millénaires du monde.
Il ne peut plus maintenant - déjà depuis longtemps, depuis qu’il est « Sapiens-Sapiens » - assurer à lui seul sa survie. Il a besoin des autres pour vivre. Il ne sait pas tout faire… « Il n’est pas poly-technicien! »
(opus.cit la légende’ des comportements H.Laborit)
Aujourd’hui, nous sommes peut-être tous amené - malgré nous - à comprendre qu’il est plus que temps, de nous dégager de cette « animalité » que nous portons tous, d’essayer d’accepter, en nous, toutes ces «ambivalences» et autres comportements qui nous malmènent tant à nous en rendre esclaves.
Comment se les réapproprier dans un nouvel agir, en conscience, aux fins, sans doute, de retrouver un Sens à toute notre très longue histoire, celle de l’humain, et donc la nôtre ?
Retrouvons pour en terminer, la sagesse de Rûmi Soufi
« Des choses opposées en apparence peuvent en fait œuvrer ensemble ».
Mars 2021
- Concertos pour Trois Cerveaux -
- La théorie du « Cerveau Triunique » a été émise en particulier par le neurobiologiste Paul D. MacLean au cours des années 1950-60, et popularisée par Arthur Koestler dans « The ghost in the machine » (1967)
Cette théorie repose sur l'hypothèse d'une évolution du cerveau humain en plusieurs phases, qui correspondrait à l'apparition sur Terre des différentes classes phylogénétiques d'animaux. Ainsi, la structure anatomique la plus ancienne de notre cerveau correspondrait à un cerveau dit « reptilien » situé le plus profondément. La structure la plus récente, correspondant au « cerveau humain », serait située à la périphérie du cerveau, à l'extérieur. - 1. Le « cerveau reptilien », dit aussi cerveau primitif, archaïque ou primaire, aurait environ 400 millions d'années. Il remonterait à l'époque où des poissons sortirent de l'eau et devinrent des batraciens. Il Déclenche des comportements de survie immédiats tels:
-
- * Boire, manger, dormir, et lui permet de maintenir sa structure
-
- * Assurer la défense du territoire (agressivité)
- * Copuler, et lui permet de se reproduire, d’assurer la pérennité de l’espèce !
- Le cerveau reptilien aime garder la même place et conserver les mêmes habitude - L'instinct d'imitation
- Privilégie l'odorat sur les autres sens ! Le sentiment du présent
- 2. Le cerveau paléo-mammalien et serait apparu avec les premiers mammifères. Il serait à l'origine de notre système limbique dévolu aux principaux comportements instinctifs et à la mémoire.
- Cerveau de l’affectivité & Cerveau de la mémoire !
- « Sans mémoire de ce qui est agréable, de ce qui est désagréable, il n’est pas question d’être heureux, triste, angoissé ; il n’est pas question d’être en colère ou d’être amoureux. » Opus Cit. H.Laborit
` - « Un être vivant est une mémoire qui agit. » (sic)
Appelé aussi « Un cheval sans cavalier », le système limbique est le cerveau dit des émotions !
« C'est le cerveau limbique qui sépare le monde en deux :
Ce qui est agréable est enregistré comme à recommencer ou rechercher. Ce qui est désagréable est enregistré comme à éviter ... ou fuir »! (sic) - Héritage des premiers mammifères, il nous permet de nous occuper de nos enfants, d'avoir le sens de la famille et celui du clan.
Il préfère l’ audition sur les autres sens.
Il compare tout avec du vécu, il nous donne : Le sentiment du passé. - 3. Le cerveau « humain » proprement dit, néo-mammalien ou néocortex, serait le résultat de la 3e et dernière phase de l'évolution. Il n'aurait que 3,6 millions d'années, date d'apparition des Australopithèques africains qui avaient la particularité d'être bipèdes, ce qui implique un développement accru du cerveau. Il permettrait notamment le raisonnement logique, le langage et l'anticipation des actes, de fournir un langage explicatif qui donne toujours une excuse, un alibi, au fonctionnement inconscient des deux premiers.
-
Cortex associatif - des voies nerveuses sous-jacentes et qui ont gardé la trace des expériences passées - il les associe d’une façon différente de celles où elles ont été impressionnées par l’environnement au moment même de l’expérience.
Il va pouvoir créer, réaliser un processus imaginaire.
fabriquer des idées et les garder, analyser, anticiper, prendre des décisions…
« Mère de l'invention »
« Père de la pensée abstraite »
« Le cavalier fait corps cette fois, avec le cheval en tenant le reptile… en laisse. » (Opus Cit D.Mc Lean)
Il préfère la vision sur les autres sens. le sentiment du futur.
4. Les Lobes Frontaux
Une centaine de milliards de neurones, dépourvu d'émotion qu'il ne connaît pas, le néocortex apparaît comme un ordinateur ou un monstre froid… Permettant à l'Homme de :- - penser à l'autre,
- - d'être altruiste, - - de se sentir responsable des autres - - de créer - - de nous projeter dans l'avenir
- - penser à l'autre,
-
-
En résumé Comment fait l'information nerveuse pour arriver au néocortex ?
L’information arrive dans le cerveau reptilien. - La survie de l'organisme n'est pas menacée,
- L'information passe !
- La survie est menacée… l'organisme a faim,
- L'information est ralentie, freinée, bloquée !
« Ventre affamé n'a pas d'oreilles ! » - … Et arrive la "survie de l'espèce" !
- L'alarme d’un coup de foudre amoureux !
« L'amour rend aveugle ! »
L'information arrive alors dans le système limbique,
- … qui rime avec « ça se complique » … !
juin 2021
"L’expérience,
ce n’est pas ce qui nous arrive,
c’est ce que nous faisons avec ce qui nous arrive."
Aldous Huxley
Edgar Morin, en l'honneur de ses 100 ans, a été interviewé par différents médias ce jeudi 8 juillet 2021 :
* "Nous vivons donc en 2021 une étape nouvelle de la phase extraordinaire de l'aventure humaine où culmine le paradoxe de la toute-puissance et la toute faiblesse humaine...
Quand saurons-nous que tout ce qui est séparable est inséparable ?" (Le Monde)
* "Vivre est naviguer dans un océan d'incertitudes en se ravitaillant dans des îles de certitude." (Libération)
* "La complexité, c'est de voir l'ambivalence des choses." (France info)
https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/edgar-morin/grand-entretien-nous-n-avons-pas-la-conscience-lucide-que-nous-marchons-vers-l-abime-alerte-le-philosophe-edgar-morin-qui-fete-ses-100-ans_4693409.html
Et enfin ces paroles adressées aux jeunes que nous sommes (au moins dans nos têtes) :
* "Lancez-vous dans l'aventure de la vie ! Surtout ne baissez pas les bras ! Vivez la qualité de la vie, tout ce qui vous dilate, vous enthousiasme, la fraternité, l'amour, l'art, la musique, la danse, la fête. Vivez poétiquement." (Libération)
* "Dans toute l’histoire humaine, vous avez toujours eu le combat entre deux forces inséparables mais ennemies. Eros et Thanatos. Il faut prendre le parti d’Eros. Si vous prenez le parti d’Eros, des forces d’union, de fraternité, d’amour, vous vous sentirez bien dans votre peau, vous serez content, vous serez tonique. Rejoignez tous ceux qui ont pris le parti d’Eros, mais en ayant beaucoup de lucidité pour ne pas vous laisser tromper par des sirènes qui vous aveugleraient. Voilà le message." (France Culture)
https://www.franceculture.fr/philosophie/edgar-morin-ses-conseils-aux-jeunes-il-faut-risquer-sa-vie
Nous pouvons aussi voir ou revoir en podcast l'excellent documentaire d'Arte :
"Edgar Morin, journal d'une vie".
https://www.arte.tv/fr/videos/098789-000-A/edgar-morin-journal-d-une-vie/
Puisse le cheminement d'Edgar Morin devenir une inspiration pour le nôtre !