Sapiens face à Sapiens Striatum face à Gyrus Cingulaire La Tragique & Splendide histoire de l’humanité

« Comment espérer qu'un jour l'Homme que nous portons tous en nous, puisse se dégager de l'animal que nous portons également, si jamais on ne lui dit pas comment fonctionne cette admirable mécanique que représente son système nerveux ?
Comment espérer voir disparaître, l'agressivité destructrice, la haine, la violence et la guerre? » Opus Cit.Henri Laborit
Loretta Graziano Breuning, PhD, est Professor émérite de management à l'Université d'état de Californie. Elle est la fondatrice du « Inner Mammal Institute », qui s'intéresse aux hormones du cerveau des mammifères, lesquelles contrôlent notre humeur et nos motivations, parce qu’elles sont accompagnées de sensations et d’émotions qui se veulent agréables. 
« Vos sentiments sont uniques, mais les molécules qui les véhiculent sont les mêmes chez tout le monde. Votre expérience de vie est unique. Cependant, il existe un point commun à toutes les expériences de vie : chaque cerveau a pour but sa propre survie ». Opus Cit. Loretta Breuning
Au nombre de quatre, avec la Sérotonine, l’Endorphine, et l’Ocytocine que nous avons approchée, continuons notre enquête avec la Dopamine qui est impliquée dans «le contrôle moteur, l'attention, le plaisir et la motivation, le sommeil, la mémoire et la cognition.»sic Aussi appelée « molécule du plaisir », la dopamine joue un rôle très important dans nos comportements, à nous les mammifères.
                                           Et donc comment tout ça fonctionne ?
Le cortex et ses nombreuses circonvolutions fabrique de l’intelligence, des merveilles de technologies avec des Airbus, des ordinateurs, pour atterrir en douceur avec la sonde spatiale Rosetta sur un morceau de comète 67P en approche du Soleil, en résumé : le génie humain !
1. Recommençons par le tout début… avec le STRIATUM qui est constitué du Noyau Caudé, du Putamen, et du Striatum Ventral (qui lui comprend le Noyau Accumbens). Le Noyau Caudé et le Thalamus sont séparés par un faisceau de fibres nerveuses (substance blanche), la Capsule Interne. Le Striatum fait partie des ganglions de la base.
Revenons ainsi au centre de notre cerveau – en sa partie la plus ancienne (quelques 400 millions d’années), qu’on surnomme le « cerveau reptilien » - et où se trouve cette zone dénommée le Striatum, zone qui fait de l’émotion brute, du plaisir, qui secrète justement notre molécule de dopamine chimique, en résumé:    
                                 le Striatum remplit nos objectifs de survie.
 Ce Striatum - a été un outil formidable qui a permis à notre espèce - les Sapiens – plutôt faible par rapport aux autres - de survivre, déjà de vivre et collaborer ensemble, ensuite de transmettre nos gènes et de conquérir ainsi la planète. Le striatum remplit donc nos objectifs de survie. A chaque fois, qu’un objectif est atteint, ce « logiciel » est programmé pour libérer ce neurotransmetteur qu’est la dopamine, appelé aussi la molécule du plaisir. 
 
On pourrait le nommer « grand ordonnateur » de nos réflexes et de nos comportements primaires, celui des gestes les plus anciens de l’espèce humaine, les Sapiens, ceux qui nous ont permis de survire, avec pour mission de :
* Manger * se Reproduire * se Battre   * S’informer * se Reposer
 
Le Striatum poursuit donc cinq objectifs fondamentaux. 

• Le premier est de se nourrir. Depuis l’âge de pierre, 

l’homme doit chercher son alimentation, et ça n’a pas toujours été facile. Ceux dotés d’un striatum développé était ceux qui s’alimentaient le mieux, avec comme « deal » 
alimentation contre dopamine. 

• Le deuxième est la reproduction. Assurer la survie de l’espèce, en transmettant nos gènes, avec à chaque rapport sexuel… « hop un shoot de dopamine ».      
• Le troisième est la recherche d’un statut social élevé et découle des deux premiers soit :

• Être en compétition avec son voisin, 
• limiter les dépenses énergétiques en se reposant, 
• être « le chef » et s’élever au-dessus des autres, 
• les asservir, les faire travailler pour soi… 

Le striatum libère alors de la dopamine et d’autant plus lorsqu’il y a ce sentiment de « pouvoir ». Ce point est d’autant plus accentué que les positions de pouvoir permettaient de satisfaire les deux objectifs précédents : alimentation en plus grande quantité et rapports sexuels facilités.  

• Le quatrième est la recherche d’informations.     

Les hommes du paléolithique devaient être très attentifs à chaque trace de pas d’un animal s’ils voulaient survivre. Ainsi, au temps où nous vivions dans la savane, il nous fallait, pour survivre, trouver de l’information, satisfaire nos instincts, avec une empreinte, une brindille cassée, une paire d’yeux derrière un buisson … revivre « le drame du chasseur et du chassé », être soit un gibier et se faire manger, ou alors, manger un gibier et avoir du plaisir avec, à chaque information, une décharge de dopamine.

• le cinquième objectif est la minimisation des efforts et des dépenses d’énergie dans un milieu hostile.  

Chaque fois que l’être humain a la sensation de s’être préservé, la dopamine est à nouveau libérée.
 Aujourd’hui, sortis de la savane, nous avons toujours ce même besoin ancestrale d’informations pour survivre.
                                                                 A ceci près : 
* Recherche de nourriture : pléthore alimentaire avec 13% d’obèse – On meurt plus de sur-alimentation et gavé que de sous-alimentation (sic-OMS)au prix d’une agriculture intensive de pesticide…                    
* Le Sexe - et les sites de rencontre, de vidéos  pornographiques avec 136 milliards de vidéo visitée a l’année, 35% du trafic internet … et pour un petit instinct débridé                                       * Désir de statut social, s’élever au-dessus des autres, avec les « instagram » « Facebook », avec toujours un peu plus de « like » que le voisin,  L’auto SUV sur-équipée, plus haute que celle du voisin.                                                        
* L’information est saturée avec d’alertes, des notifications, des bannières publicitaires, de l’info en boucle, des assistants vocaux…on mange de l’information en boucle …                              
* Se reposer suite à un excès chronique de stress émotionnel qui entraîne le
« BURN IN » contrairement au stress relationnel qui lui engendre le « BURN OUT »
Lorsque le monde devient indéchiffrable, l’esprit vole en éclat ! Une angoisse indéfinissable nous saisit, conduisant certains d’entre nous vers, l’anxiété et la dépression. Les conséquences sur notre santé physique et mentale sont identifiées : nous fuyons dans l’addiction à la consommation, à l’alcool, à la drogue, à la
« malbouffe ». Nous vivons un stress chronique. La technologie nous donne l’illusion de contrôler le monde, mais le monde nous échappe de plus en plus.
Les inégalités se creusent alors que nous vivons la prospérité.
Les socles qui soutenaient tous les cadres pensés se dérobent. 
Seulement aujourd’hui, ce Striatum nous pousse à la surconsommation et, in fine, à détruire notre planète. (Opus cit S.Bohler) 
Face à ce striatum, notre intelligence est impuissante. 
« Satisfaire mes instincts ancestraux tout de suite ! » s’écrie la Dopamine !
« Je ne suis pas sensible à la  profondeur du temps »
En clair : Nous sommes, aujourd’hui, habités par un principe de croissance neuronale biochimique qui se répercute dans le dogme de la croissance économique.
Nous avons créé un monde sous pression, où la concurrence fait rage, où la précarité augmente, et où les changements climatiques, les nouvelles pandémies, les mouvements de population à venir ne vont pas arranger la situation. Ce monde ne répond pas à notre besoin de cohérence.  
Nous vivons un stress existentiel alors que le besoin de sens est inhérent à la nature humaine. 
 
2. Nous trouvons ensuite, un peu moins ancien dans l’évolution, au niveau de cortex limbique, le Gyrus Cingulaire. Classiquement , on le décrit  (en bleu) comme un
pli incurvé recouvrant le corps calleux.(en jaune) 
Composante du système limbique, il intervient dans le traitement des émotions et la régulation du comportement. Il aide également à réguler la fonction motrice autonome.(SNV)
À des fins d'étude et de diagnostic médical, le gyrus cingulaire est divisé en segments antérieur et postérieur. 
Les dommages au gyrus cingulaire peuvent entraîner des troubles cognitifs, émotionnels et comportementaux.
Ainsi, il coordonne l'entrée sensorielle avec les émotions          
Il assure les réponses émotionnelles à la douleur,           
Il régule les comportements agressifs,                          
Il intervient dans la communication & le lien maternel, les prises de décision, 
nos besoins de lien, de sens et de cohérence.
« La première fonction de ce cortex cingulaire est de nous aider à maîtriser l’incertitude, c’est grâce à lui, entre autre, que nous pouvons anticiper les situations et les dangers, et prendre un temps d’avance sur le réel ». (Opus cit. Où est le sens- R. Laffont- S.Bohler) 
« Le cortex cingulaire antérieur, serait, pour S.Bohler, chercheur en neuro-sciences, une structure du cerveau comme une machine à détecter du sens ». 
C’est elle qui nous permettrait de construire notre représentation du monde, mais aussi d’évaluer l’adéquation de nos actes avec nos valeurs et d’avoir des relations fructueuses avec les autres.                                                   
C’est une des raisons majeures, pour lesquelles déjà Sapiens a survécu, dans la savane !  Il a dû collaborer pour chasser et s’en sortir.
Aujourd’hui, Sapiens se pose peut-être la question, alors que demain, il n’aura certainement, plus le choix !                                                   
En revanche, « Il est très difficile de montrer le rôle causal du gyrus cingulaire. Il produit bien un signal d’erreur, mais on ne sait pas bien ce qu’il en fait. » 
« De nombreuses expériences montrent que lors d’une tâche cognitive, lorsqu’on signale au participant qu’il commet une erreur, on détecte une onde émise au niveau du gyrus cingulaire », opus cit. Emmanuel Procyk au SBRI                                         
Les neurones du gyrus cingulaire s’activent pour les événements surprenants, qu’ils soient positifs ou négatifs, tant qu’ils apportent une information imprévue,
donc potentiellement  pertinente.                                                                                                                      
Des études toujours menées par l’équipe d’Emmanuel Procyk au SBRI et par l’équipe de Matthew Rushworth à l’Université d’Oxford commencent à envisager une piste : le gyrus cingulaire n’aurait pas simplement vocation à détecter des erreurs.    
Il participerait plutôt à construire un historique des prédictions. En fonction de l’accord de ces prédictions avec le réel, le cerveau pourrait évaluer s’il est pertinent ou non, de changer de comportement.
« Le gyrus cingulaire ne le fait pas seul, souligne Emmanuel Procyk. Il est dans un réseau de régions cérébrales impliquées dans la détection d’événements et dans le changement de stratégie. » 
Que signifie alors , Un « changement de stratégie » ? , « Changer de comportement » ?    
« Mener une vie qui a du sens ? »
Joshua Fields Millburn & Ryan Nicodemus - dans leur approche « Minimalisme » Ed J'ai Lu- apporte peut-être Un « deal » dans ce combat de Géants, Striatum face à Cingulaire, une proposition au travers de cinq valeurs permettant de mener une vie riche de sens, d’apporter du plaisir, et donc, … Oui ! un shoot de dopamine !
Ces cinq valeurs seraient :                                  
1. La santé    2.Les relations    3.Les passions   4. L’essor personnel     5.La contribution.
                                                                    A suivre ….
Bibliographie : 
Sébastien Bohler - Le Bug Humain - Ou est le Sens - Ed Laffont
Henri Laborit - L'éloge de la fuite - L'inhibition de l'action - Ed Masson
Boris Cyrulnik - La naissance du Sens - Pluriel 
​Pascal Picq - Sapiens face à Sapiens - Flammarion Et l'évolution créa la femme O.Jacob
Joshua Millburn & Ryan Nicodemus - Minimalisme - J'ai Lu -